Depuis plus de 30 ans, la France est gouvernée par une alternance
politique entre la droite et la gauche qui voit se succéder des programmes qui tantôt se rapprochent tantôt
divergent. Le plus souvent, les remèdes avancés se basent sur des slogans de campagne et voient leur
application dans des mesures difficilement réalisables. C’est ce que j’appelle "la prédominance du dogmatique sur le
pragmatique".
Je déplore cette manière de gouverner qui nous fait perdre
beaucoup de temps, d’énergie et d’efficacité alors que nous possédons au sein de notre modèle de société des
richesses humaines que beaucoup de pays nous envient encore. Mais ne tardons pas trop, si nous
voulons les conserver.
Deux exemples, à mes yeux, illustrent parfaitement cet enfermement
au nom de stratégies politiciennes qui ne disent pas leur nom.
Le premier à gauche s’appelle « les 35
heures »
Qui peut nier que l’idée de recourir à la réduction du temps de
travail pour combattre le chômage était une mauvaise idée. Volkswagen, l’entreprise
la plus florissante de l’industrie automobile européenne, a été la première à mettre en place cette mesure avec une flexibilité
adaptée et en concertation avec les organisations syndicales.
Pourquoi ce qui marche chez Volkswagen ne fonctionne-il pas en
France ?
Tout simplement parce que l’organisation interne des secteurs
professionnels hérite de modes de fonctionnements différents au travers de l’Histoire
et du particularisme de chacun d’entre eux. Les très petites entreprises ou le secteur hospitalier, particulièrement, ont eu
beaucoup de difficultés à absorber le dysfonctionnement qui a résulté de cette
mesure. À ce jour, aucun bilan d’économistes n’a pu démontrer de manière objective
et chiffrée la réelle efficience ou, au contraire, la perte importante de
productivité de notre économie inhérente à cette mesure.
Le second exemple, à droite, s’appelle
« le bouclier fiscal »
Qui peut nier que la coexistence de taxes et impôts divers ayant
fortement évolués au fil des lois de finances successives aboutisse à des
situations particulières excessives susceptibles d’encourager l’évasion fiscale
? Le souhait de conserver des contribuables fortunés en France est totalement
entendable, encore faudrait-il, pour être totalement objectif, que le diagnostic
soit complet entre ceux qui partent et ceux qui entrent, entre ceux qui
conservent une protection sociale en France tout en «délocalisant une partie de
leur imposition».
Ce n’est donc pas de
mesures au coup par coup dont la France a besoin mais bien d’une réforme en
profondeur évolutive, à long terme, et concertée entre tous les partis
politiques.
Car pris dans l’étau d’une
mondialisation jugulée par l’harmonisation fiscale européenne et l’Histoire de notre
fiscalité française, toute la classe politique est d’accord pour réformer notre système d’imposition mais chacun à
coup de slogan pour tenter de séduire un électorat qui lui est favorable. Sur
ces deux sujets, droite et gauche ont échoué parce qu’il n’existe pas de
solution idéologique mais une solution concertée, permanente entre tous les
acteurs de la vie publique et professionnelle.
Dans les pays scandinaves ou germaniques, et malgré une population vieillissante
chez certains d’entre eux, les résultats obtenus sont meilleurs qu’en France.
Je reste convaincu que la culture démocrate de ces pays-là est la clé essentielle
de leur réussite sur ces problèmes. Leur système démocratique et leur aptitude
à se rassembler ont permis de dépasser les clivages pour proposer des solutions
plus favorable à l’intérêt général.
Ce n’est pas
seulement d’un programme dont la France a besoin mais bien d’une manière de
gouverner.
Il faut donc accepter de réformer nos institutions pour tendre
vers cette perspective du rassemblement et une moralisation de la vie publique.
Pour prendre une image maritime, je pense que naviguer à grands coups de barre
à droite puis à gauche n’est pas la meilleure façon d’affronter les vents
forts. Dans la tempête, ce n’est pas la division de l’équipage et des passagers
mais bien la solidarité entre tous qui permet de passer l’épreuve sans encombre.